Composing peace #1: Construire la mémoire culturelle du Liban

Cet épisode en français fait partie d’une nouvelle série de podcasts de culture Solutions consacrée au rôle de l’art et de la culture face aux crises et aux conflits : leur capacité à soutenir les communautés, à nourrir le dialogue, à contribuer à la résolution des conflits, ainsi qu’à la reconstruction matérielle et psychologique.
En 2021, l’Union européenne adoptait le concept sur la protection du patrimoine culturel en période de conflit et de crise, reconnaissant le patrimoine culturel comme vecteur important de paix, de démocratie et de développement durable. Que peuvent faire les artistes et les acteurs culturels pour raviver le dialogue, préserver la mémoire et bâtir la paix ? Quel rôle peut jouer l’Union européenne, en tant qu’acteur international, pour défendre un patrimoine culturel menacé ? Quelles initiatives concrètes ont déjà été mises en œuvre, avec quels résultats, et en collaboration avec quels partenaires ?
Dans cet épisode, Lilian Richieri Hanania, collaboratrice de culture Solutions, s’entretient avec Fady Jeanbart, chanteur d’opéra libanais, qui a réalisé un important travail d’archivage en lien avec la mémoire culturelle du Liban. Cette interview a été menée durant la période des frappes aériennes israéliennes sur Beyrouth et le Sud-Liban, suivie d’incursions de l’armée israélienne sur le territoire libanais, entre septembre et octobre 2024. Ces attaques, survenues dans le contexte du conflit entre Israël, Gaza, le Hamas et le Hezbollah, ont causé d’importants dégâts au patrimoine culturel libanais.
Bio, références et transcription
Biographie:
Fady Jeanbart est un baryton libanais, coach vocal et professeur de chant au Conservatoire national supérieur de musique du Liban et à l’Académie de musique Elias Rahbani. Né hors du Liban, Fady a étudié la musique classique et l’opéra à Paris. Après avoir passé dix ans à Paris, il est retourné au Liban où il vit et travaille aujourd’hui. Fady s’attache à démêler et à étudier les archives musicales libanaises, notamment l’œuvre de Wadia Sabra, compositeur de l’hymne national libanais.
Citations :
- “Je ne peux pas combattre avec les armes, je combats avec ma pensée. Je combats en montrant une alternative.”
- ” Il n’y a pas d’avenir idéal. Il faut que la prospérité revienne pour que les concerts se refassent et que les gens puissent jouer à droite à gauche, autant que possible, qu’ils puissent voyager et qu’ils portent le nom du Liban par leur art, par leur musique.”
- “Notre art a le droit d’exister, notre culture a le droit d’être valorisée partout et d’être acceptée et aimée. Et je pense que si on comprend ça, si l’humanité dans son intégralité comprend qu’on est tous humains sur terre et qu’on va tous finir six pieds sous terre, on passera plus notre temps à aimer qu’à se détester.“
- Wadia Sabra (1876-1952) est un compositeur libanais, né sous l’Empire ottoman, parti en France puis revenu à Beyrouth en 1910. Suite à un concours qu’il gagne en 1908, Wadia Sabra compose l’hymne ottoman. Il est l’inventeur du piano oriental (quart de ton) qu’il fait réaliser à Paris par les ateliers Pleyel. Il fonde la première revue musicale Mousiqa qui est publiée de 1910 à 1914 et il représente le Liban au congrès de musique arabe du Caire en 1932. Enfin, il est le compositeur de l’hymne national libanais.
- Heritage for Peace est une ONG qui œuvre à la reconnaissance du patrimoine culturel comme outil de dialogue et de construction de la paix. Elle soutient les professionnels du secteur du patrimoine culturel et analyse les menaces et les destructions que subit le patrimoine culturel. Elle a débuté ses activités en Syrie et a depuis étendu son action au Proche et Moyen-Orient, et au-delà (Soudan). En octobre 2024, Heritage for Peace a publié un rapport documentant la destruction du patrimoine culturel au Liban, suite à la guerre entre Israël, Gaza, le Hamas et le Hezbollah.
- Fady Jeanbart mentionne des archives faisant référence à Ahmad Djamal Pachat, un général et homme politique ottoman (1872-1922). Il fut, avec Enver et Talat, un des chefs du comité « Union et Progrès » qui s’allia à l’Allemagne et engagea l’Empire ottoman aux côtés des Empires centraux dans la Première Guerre mondiale. Il fut assassiné par des Arméniens à Tiflis (1922). Il est impliqué dans le génocide des Arméniens, qui fut conduit par les autorités ottomanes entre 1915 et 1916, faisant entre 1,2 et 1,5 million de morts.
Damien Helly: You are listening to the Composing trust podcast, by culture Solutions
Elise: Bonjour et bienvenue dans cette série de podcasts de culture Solutions.
Dans ces épisodes de « cartes blanches » consacrés aux relations culturelles internationales, nous explorons le rôle de l’art et de la culture face aux crises et aux conflits : leur capacité à soutenir les communautés, à nourrir le dialogue, à contribuer à la résolution des conflits, ainsi qu’à la reconstruction matérielle et psychologique.
En 2021, l’Union européenne adoptait le concept sur la protection du patrimoine culturel en période de conflit et de crise, reconnaissant le patrimoine culturel comme vecteur important de paix, de démocratie et de développement durable.
Alors, que peuvent faire les artistes et les acteurs culturels pour raviver le dialogue, préserver la mémoire et bâtir la paix ?
Quel rôle peut jouer l’Union européenne, en tant qu’acteur international, pour défendre un patrimoine culturel menacé ? Quelles initiatives concrètes ont déjà été mises en œuvre, avec quels résultats, et en collaboration avec quels partenaires ?
Cette série de podcasts donne la parole à celles et ceux qui œuvrent chaque jour pour la paix, le dialogue et la culture.
Dans cet épisode, Lilian Richieri Hanania, collaboratrice de culture Solutions, s’entretient avec Fady Jeanbart, chanteur d’opéra libanais, qui a réalisé un important travail d’archivage en lien avec la mémoire culturelle du Liban.
Cette interview a été menée durant la période des frappes aériennes israéliennes sur Beyrouth et le Sud-Liban, suivie d’incursions de l’armée israélienne sur le territoire libanais, entre septembre et octobre 2024. Ces attaques, survenues dans le contexte du conflit entre Israël, Gaza, le Hamas et le Hezbollah, ont causé d’importants dégâts au patrimoine culturel libanais.
Lilian: Cet épisode est consacré au Liban, un pays où les religions cohabitent depuis des siècles. Terre d’accueil de nombreux réfugiés, avec un peuple qui témoigne d’une solidarité vibrante et d’une résilience malgré tous les défis qui se sont succédés ces dernières années. Et qui connaît maintenant la guerre. Nous avons la chance d’échanger avec Fady Jeanbart, chanteur d’opéra, baryton de renom, qui a étudié en France, il est lauréat de concours, professeur de chant au Liban, il enseigne au conservatoire national supérieur de musique, à l’académie de musique Elias Rahbani. Fady est aussi chercheur et a édité et publié des livres sur la musique. Fady, bonjour et bienvenue Merci infiniment d’avoir accepté d’être là malgré la situation que le Liban vit aujourd’hui. Peux-tu nous raconter un peu ton parcours.
Fady: Lilian, merci beaucoup de m’accueillir dans ton podcast. je suis J’ai grandi, j’ai vécu dans les pays arabes entre l’Arabie Saoudite et les Émirats. Puis après, j’ai été un tout petit peu au Liban pour connaître le Liban. Et de là, j’ai été au conservatoire, j’ai fait des études d’économie et puis au conservatoire, et puis à moment donné j’ai dit à mes parents c’est bon, il fallait que j’aille faire de l’opéra en France. C’est là où je suis parti à Paris, j’y suis resté une bonne dizaine d’années, dans un parcours jalonné de hauts et de bas, comme tout bon étranger qui débarque dans un pays et qui doit galérer et puis trouver sa place.
Après, je suis rentré en 2012 et j’ai essayé de frayer ma place dans ce pays là où il faut être réaliste, le marché de l’opéra n’existe pas ici au Liban. Il y a très peu de choses, on ne peut pas vraiment gagner sa vie en tant que pur chanteur d’opéra. il faut s’adapter et être professeur parce que tout le monde veut apprendre à chanter, ça c’est certain. Donc il faut enseigner et puis faire des concerts dans des événements, dans des restaurants, dans des mariages puis s’adapter à chanter autre chose que de l’opéra.
Lilian: Depuis quelques années déjà, tu fais un travail magnifique de recherche des archives musicales libanaises. Raconte moi un peu plus en détail cette partie de ton activité.
Fady: Il y a quelques années, il y avait la période de la Covid. C’était en même temps que notre pseudo révolution libanaise, en octobre 2019. On était coincé, on était bloqué. Et il y avait un projet à l’époque en cours avec le Centre du Patrimoine musical libanais (CPML) dirigé par Madame Zeina Saleh Kayali qui consistait à essayer d’organiser un concert de compositeurs libanais.
J’étais en pleine recherche, en pleine excavation parce que c’est vrai qu’il n’y en a pas des masses des compositeurs libanais. On est un petit pays donc il faut trouver des choses. Donc j’étais en pleine recherche et j’ai plongé dans les archives du CPML et c’est là que je suis tombé sur les archives de Wadia Sabra, qui est le fondateur du conservatoire et qui est compositeur de l’hymne national libanais.
C’était des archives cachées depuis très longtemps. Quand Mme Kayali a ouvert ce centre à l’école Notre-Dame de Jamhour en 2012, cela a déclenché l’intérêt de la famille de Sabra qui cachait ces archives, la famille Misk, et qui en 2016 les a données à Mme Kayali.
Elle a pu faire des recherches, pu faire la biographie de Sabra et suite à ça en 2018 la biographie est sortie. Donc j’ai creusé et puis j’ai trouvé des opéras. Il y avait des opéras, c’était vraiment comme un appel.
Tout était caché pour des raisons de gabegie familiale, de querelle, de dispute comme toujours, comme partout pareil. Ça a été un peu comme un film Hollywood, comme un déclic passionnant qui fait que, je tombe sur un premier opéra, l’émigré. Je suis émigré. Personnage principal, George, mon père s’appelait George. Voix, bariton.
Extrait musical de la Chanson de l’Adieu de l’opérette L’Émigré (1931) de Wadia Sabra.
Fady: Je suis chanteur d’opéra et je suis le premier concerné par ces œuvres. Il fallait bien je trouve ce qu’il a encore sur la table. Bien sûr, j’ai découvert des choses un peu moins intéressantes. C’est comme un peu Mozart, pas tout Mozart n’est intéressant. Il fallait vraiment que j’exhume notre identité, les balbutiements de l’opéra au Liban.
Lilian: Qu’as-tu découvert sur Liban, son histoire, sa musique, à travers tes recherches ?
Fady: J’ai creusé l’historique jusqu’à en trouver une connexion avec le génocide arménien et Djamal Pachat et compagnie. À travers la musique, on a l’histoire du Liban, l’histoire de la naissance de ce Liban, de ce mandat français, de ces compositions, de ces débuts de premier compositeur, parce que Sabra, c’est le premier Libanais à étudier au Conservatoire de Paris.C’était très fascinant de voir comment la musique classique occidentale est née au Liban.
Et là, je me suis rendu compte que nous, Libanais, on a un vrai problème d’identité, on un vrai problème d’acceptation de qui on est. On veut toujours paraître ce qu’on n’est pas, on veut toujours mentir, cacher le passé. C’était comme si on n’ose pas regarder derrière soi, c’est comme si on ne veut pas comprendre qu’il y a une évolution.
Et c’était ça l’objectif principal : comprenons d’où on vient, comprenons comment cette musique classique est née au Liban.
Essayons de voir où on va. Si chacun dit il n’y a que moi, on laisse la porte ouverte aux gens qui vont venir après nous pour effacer notre race et dire que ce n’était pas On ne bâtit pas une nation, on bâtit pas une histoire, on bâtit pas une continuité culturelle.
Je ne dis pas que la musique de Sabra est une musique magnifique. J’ai juste essayé de mettre en lumière ce qui reste encore aujourd’hui acceptable et représentatif.
C’est comme si les gens allaient au musée du Louvre pour puis effacer ou casser, détruire les artefacts ou les objets d’art pour dire « aujourd’hui on fait pas comme ça ». Ça s’appelle du révisionnisme. C’est très dangereux. Je déplore cette attitude de Libanais qui se prennent pour la clique des gens qui sont eux-mêmes les influenceurs.
Maintenant je m’amuse, j’ai un plaisir fou à découvrir comme un Sherlock Holmes, comme un Indiana Jones, ces traces du passé, ces documents. Les gens me demandent comment je fais pour trouver. Je ne sais pas, ça vient à moi. On essaye de susciter l’intérêt. Je fais ça par passion, je fais ça pour cette identité libanaise, pour ce pauvre Liban.
Qui on est, d’où on vient, où on va, encore une fois, cette même question.
Je pense que l’apport de l’opéra au Liban a été beaucoup à faire de la technique vocale. Et encore une fois, on est décrié. On dit que la technique lyrique déforme la prononciation arabe. Et puis on a tout le débat sur le fait que l’arabe ne se chante pas de façon opératique. C’est tout un questionnement qui est passionnant, intéressant, nécessaire.
Ca me rappelle beaucoup comment Mozart a été décrit à l’époque, quand il a composé en allemand en disant que oui, en allemand, on ne se chante pas de façon opératique, il que l’italien qui se chante, ou le latin. C’est le même débat, je pense que dans une génération ou deux générations, on comprendra. Et c’est ce qui a été moteur de mon travail sur l’opéra arabe de Sabra : essayons de voir comment il a composé, où est-ce qu’il a fait ses erreurs, apprenons des erreurs du passé.
Extrait de Rouddani, cavatine de David, aria du premier opéra en arabe Les deux rois (1927) de Wadia Sabra.
Fady: C’est un travail fou. Et puis il faut être musicien pour savoir travailler dans les archives musicales. Il faut s’y connaître, faut savoir lire le document entre les lignes.
Le Conservatoire a beaucoup d’archives, l’Université américaine a beaucoup d’archives. Mais c’est un travail énorme, c’est chronophage, de façon monumentale. Sans aucun soutien, et je ne veux pas de soutien. Parce que j’ai appris, j’ai fait les frais de soutien. Les soutiens viennent toujours avec des conditions. Et ma liberté n’a pas de prix, ma dignité n’a pas de prix. Donc je préfère faire ça à mes frais. Le Seigneur pourvoira. Et à mon temps, tout doucement, je déguste les enregistrements.
On se rend compte qu’il y a plein de gens qui font beaucoup de choses à l’étranger. C’est ça le problème du Liban, on l’aime tous et on le déteste. C’est cet amour, un amour.
En même temps, personne n’a le droit de dire qu’on est les seuls à faire quelque chose. On se rend compte que plus on creuse, plus il y a dans le monde entier plein de gens qui agissent pour les compositeurs libanais, dans tous les genres.
Je l’ai découvert chez la première grande Libanaise qui a fait une carrière internationale monumentale. Elle était élève de Badia Sabra Haddad, élève du conservatoire du Liban, l’Autrichienne Sona Ghazarian qui était l’artiste principale de l’Opéra de Vienne, avec un déclic monumental dans les années 60 a eu le grand déclic monumental.
Elle n’est plus jamais revenue, mais elle a porté avec elle des compositeurs libanais qu’elle a souvent chanté en récital. Quand on creuse, a toujours un peu partout, ce petit lieu d’espoir qui fait qu’on a ce Liban qu’on amène, qu’on porte chacun à sa façon.
On est tous Libanais. Il y a des Libanais anglophones, des Libanais arabophones, des Libanais francophones, des Libanais lusophones comme toi, des Libanais qui ont été en Australie, et c’est ce qui fait notre Liban. Et puis j’ai le droit d’exister tout aussi bien que quelqu’un d’autre.
On ne s’aime pas. On ne s’aime pas soi-même. C’est pour cela qu’on est arrivé avec la situation actuelle de ce qui se passe au Liban, il est grand temps de dire à bas les masques et d’arrêter de mentir. On ne peut plus continuer comme ça. Le modus operandi n’a pas fonctionné. Toutes les générations avant nous ont contribué à en arriver là.
Combien de chanteuses d’opéra j’ai découvert dans le passé qui n’ont survécu que grâce à l’argent de leur mari ou de leurs parents ?
Quel est le marché ? Combien de gens vont payer de l’argent pour aller écouter ? Mais tu peux être un très bon pianiste. Mais notre histoire a donné quelques-uns qui ont fait de grandes carrières internationales.
Lilian: Le Liban traverse une période difficile avec les crises économiques, l’instabilité politique, l’explosion au port de Beyrouth, les conflits armés. Malgré tout cela, les artistes libanais comme toi jouent un rôle essentiel dans la résistance, la résilience aussi du peuple lbanias. Dans ce cadre de crise, de conflit, comment tu vois dans ton travail ce rôle de l’art en tant que forme de résistance, face à la douleur, face aux traumatismes vécues par les Libanais.
Fady: C’est une thérapie. Je ne peux pas combattre avec les armes, je combats avec ma pensée. Je combats en montrant une alternative.
Il y a plein d’artistes qui prennent les armes. Moi, mon arme, c’est ma voix, c’est mon chant. Donc j’essaie de chanter des choses qui ont un sens.
En Espagne, tu as Picasso qui a peint Guernica, qui est un parfait exemple de ce qu’un artiste peut faire en temps de guerre. Chacun dans l’adversité crée quelque chose. Moi, c’est des périodes propices comme ça maintenant pour faire des recherches, pour renaître de notre façon de faire quelque chose de différent, ne pas chercher à plaire, faire ce qui, à l’intérieur de soi, nous parle le plus.
L’art n’est pas une priorité. donc les gens préfèrent ne pas prendre de cours de musique, de musique en général. Parce que cet argent doit aller pour payer les factures d’électricité, les factures de générateurs, les factures d’essence, les factures indispensables. L’art n’est pas indispensable.
Lilian: Comment font les artistes libanais ? Comment résistent-ils aujourd’hui et font face à l’urgence, à la peur, au manque ?
Fady: En piochant dans les réserves. Je fais partie aussi du syndicat des artistes. On reçoit souvent des donations, des cartons alimentaires à distribuer aux membres. Plein d’autres associations religieuses, de quartiers. La solidarité, c’est là on se rend compte qu’il a quand même un brin de solidarité qui est là, nonobstant la religion, ou le niveau social, ou quoi que ce soit.
Les artistes, moi je le vois très bien au syndicat. Des plus grands, des plus connus, aux plus pauvres. Parce qu’on a tous notre argent bloqué dans les banques. Tous. Donc là, tout est bloqué. Il a plus de concerts, il n’y a plus de télé, il n’y a plus de séries qui se filment, il n’y a plus de pièces de théâtre. Ce n’est pas une priorité. Donc tous ces gens-là, heureusement qu’on a des réserves. Heureusement qu’on a tous du cash à la maison.
Heureusement qu’on a tous de la famille de la diaspora qui nous envoie des transferts Western Union, même pas par la banque. Encore une fois, les banques ont perdu notre confiance. Mais les banques sont l’image du peuple libanais parce que les banques sont dirigées par des Libanais.
Lilian: Il semble en effet que la solidarité soit au cœur de la résistance des artistes lbanais. Quelle est la place de la coopération, du travail collectif dans la reconstruction du pays ?
Fady: On doit collaborer, moi j’ai pas eu honte à dire viens Tony, viens machin, Marc aide moi, je ne peux pas tout, je n’ai pas le temps de tout faire.
Je ne peux pas tout faire tout seul. Il y a une hiérarchie, une structure, un travail d’équipe. Ça, on le trouve dans le privé.Il a cette fameuse phrase, je ne pas si je l’ai dit juste, c’est Saint Ignace de Loyola, partout où il a de l’homme, il y a de l’hommerie. Et c’est notre plus grand malheur.
Donc apprendre à s’affranchir de ça. puis, bien sûr, le clientélisme. Plein de gens ne sont pas à leur place, mais juste parce qu’ils connaissent quelqu’un qui sont à des postes et ils n’ont pas la compétence de ce poste-là.
Oui, je suis à juste titre pessimiste, en même temps, à juste titre, je crie, mais c’est parce que j’aime le Liban. Si je n’aimais pas le Liban, si je ne m’aimais pas moi-même, je n’aurais pas fait tout ce travail-là. Voilà, l’identité que je suis. Fadi, Jeanbart, Libanais, d’origine, je ne sais pas quoi, avec un nom français, un père français, d’origine syro, turco, libano, machin.
C’est exactement notre plus grand malheur et notre grande fierté et notre grande puissance à nous Libanais.
Lilian: C’est précisément la richesse de ce pays. Y a-t-il un message que tu souhaites porter aujourd’hui à partir de ton travail d’artiste et de chercheur ?
Fady: Je prends, j’apprends de ce que la personne a à me donner. Je fais mon bouquet et c’est comme ça que je transmets à mes élèves. J’essaye de les aider à trouver leur indépendance et je ne m’attache pas. Je leur dis libérez-vous de moi, volez de vos propres ailes parce que c’est vous qui chantez c’est pas moi. Moi je suis un peu comme le miroir et puis après c’est à vous de voler de vos propres ailes.
Lilian: On a beaucoup parlé du numérique tous les deux pour mes recherches en droit international de la culture. Comment le numérique peut-il aider les artistes libanais à créer, s’adapter, résister mais aussi à partager la culture libanaise au-delà des frontières ?
Fady: Il faut être lucide qu’on est submergé par le numérique. Le monde entier, la planète, elle est envahie par le numérique, ce qui est bien.
C’est indispensable pour nous, que pour plein d’artistes libanais qui sont obligés de quémander des visas, je dis bien le mot quémander des visas, montrer patte blanche pour obtenir la période exacte du pauvre séjour qu’on veut faire. Et il faut vraiment amener 50 kilos de dossier pour prouver qu’on n’est pas des terroristes, pour prouver qu’on est des gens bien, tandis qu’un Français ou un Américain ou n’importe, il peut être un con fini, il prend l’avion et il vient.
Donc ce pauvre artiste libanais qui fait de son mieux pour exprimer son art, son âme, le numérique c’est la seule façon d’arriver à contacter. Moi ça m’a beaucoup aidé pour mon travail sur Sabra et je dois le reconnaître. Et c’est là où il faut savoir manipuler cet outil. Donc il faut avoir une diversité, pas seulement être cantonné dans son art, il faut savoir être aussi un très bon manipulateur d’ordinateur, de programme pour pouvoir attirer l’attention du public. Et, encore une fois, les gens sont saturés. Internet est saturé donc on ne peut pas tout écouter mais c’est comme jeter une bouteille à la mer et puis on voit où ça prend.
Lilian: Quels sont tes souhaits, tes rêves pour l’avenir des artistes et des secteurs culturels et créatifs au Liban ?
Fady: Il n’y a pas d’avenir idéal. Il faut que la prospérité revienne pour que les concerts se refassent et que les gens puissent jouer à droite à gauche, autant que possible, qu’ils puissent voyager et qu’ils portent le nom du Liban par leur art, par leur musique.
Je suis content quand j’ai des artistes étrangers non arabophones qui essaient de chanter des choses en arabe malgré leur accent. Ça fait plaisir parce que bon ils font de leur mieux et puis ils s’intéressent, c’est une façon de “vulgariser notre art” qui fait qu’on est des gens comme tout le monde, montrer qu’on est des humains comme tous sur terre. Notre art a le droit d’exister, notre culture a le droit d’être valorisée partout et d’être acceptée et aimée. Et je pense que si on comprend ça, si l’humanité dans son intégralité comprend qu’on est tous humains sur terre et qu’on va tous finir six pieds sous terre, on passera plus notre temps à aimer qu’à se détester.
Extrait de Rouddani, cavatine de David, aria du premier opéra en arabe Les deux rois (1927) de Wadia Sabra.
Damien Helly: Thank you for listening to today’s episode of our Composing trust podcast by culture Solutions! If you liked it, you can subscribe and follow us on your favourite podcast platforms, and contact us at culturesolutions.eu.
Damien Helly: You are listening to the Composing trust podcast, by culture Solutions
Elise: Hello and welcome to this podcast series from culture Solutions.
In these “carte blanche” episodes dedicated to international cultural relations, we explore the role of art and culture in the face of crises and conflicts: their ability to support communities, to foster dialogue, to contribute to conflict resolution, as well as to material and psychological reconstruction.
In 2021, the European Union adopted the concept of the protection of cultural heritage in times of conflict and crisis, recognising cultural heritage as an important vector for peace, democracy and sustainable development.
So, what can artists and cultural actors do to revive dialogue, preserve memory and build peace? What role can the European Union play, as an international actor, in defending threatened cultural heritage? What concrete initiatives have already been implemented, with what results, and in collaboration with which partners?
This podcast series gives a voice to those who work every day for peace, dialogue and culture.
In this episode, culture Solutions contributor Lilian Richieri Hanania speaks with Lebanese opera singer Fady Jeanbart, who has carried out extensive archival work related to Lebanon’s cultural memory.
This interview was conducted during the period of Israeli airstrikes on Beirut and southern Lebanon, followed by Israeli military incursions into Lebanese territory, between September and October 2024. These attacks, which occurred in the context of the conflict between Israel, Gaza, Hamas, and Hezbollah, caused significant damage to Lebanese cultural heritage.
Lilian: This episode is dedicated to Lebanon, a country where religions have coexisted for centuries. A land of refuge for many refugees, with people who demonstrate vibrant solidarity and resilience despite all the challenges that have followed in recent years. And who are now experiencing war. We have the chance to speak with Fady Jeanbart, opera singer, renowned baritone, who studied in France. He is a competition winner, a singing professor in Lebanon, he teaches at the National Conservatory of Music, at the Elias Rahbani Academy of Music. Fady is also a researcher and has edited and published books on music. Fady, hello and welcome. Thank you very much for agreeing to be here despite the situation Lebanon is experiencing today. Can you tell us a little about your background?
Fady: Lilian, thank you very much for welcoming me to your podcast. I grew up living in Arab countries, between Saudi Arabia and the Emirates. Then, I went to Lebanon for a little while, to get to know Lebanon. And from there, I studied economics and then the conservatory. And then at some point I told my parents it was fine, I had to go do opera in France. That’s where I left for Paris, I stayed there for a good ten years, in a journey marked by ups and downs, like any good foreigner who arrives in a country and who has to struggle and then find their place.
Afterwards, I returned in 2012 and I tried to make my way in this country where you have to be realistic, the opera market does not exist here in Lebanon. There are very few things, you can’t really earn a living as a pure opera singer. You have to adapt and be a teacher because everyone wants to learn to sing, that’s for sure. So you have to teach and then do concerts at events, in restaurants, at weddings and then adapt to singing something other than opera.
Lilian: For several years now, you’ve been doing a wonderful job researching Lebanese musical archives. Tell me a little more about this aspect of your work.
Fady: It’s been a few years, there was the COVID period. It was at the same time as our pseudo Lebanese revolution, in October 2019. We were stuck, we were blocked. And there was a project at the time in progress with the Lebanese Musical Heritage Center (CPML) directed by Mrs. Zeina Saleh Kayali, which consisted of trying to organise a concert of Lebanese composers.
I was in the middle of research, in the middle of excavation because it’s true that there aren’t a lot of Lebanese composers. We’re a small country so we have to find things. So I was in the middle of research and I dove into the CPML archives and that’s where I came across the archives of Wadia Sabra, who is the founder of the conservatory and who is the composer of the Lebanese national anthem.
These were archives that had been hidden for a very long time. When Mrs. Kayali opened this center at the school Our Lady of Jamhour in 2012, this sparked the interest of the family of Sabra, who hid these archives, the Misk family, and who in 2016 gave them to Mrs. Kayali.
She was able to do research, to write a biography of Sabra and after that in 2018 the biography came out. So I dug around and then I found operas. There were operas, it was really like a calling.
Everything was hidden for reasons of family mismanagement, quarrels, disputes, as always, like everywhere. It was a bit like a Hollywood movie, like an exciting trigger that led me to stumble upon my first opera, The Emigrant. I am an emigrant. The main character, George, my father’s name was George. Voice, baritone.
Excerpt from the Farewell Song from the operetta The Emigrant (1931) by Wadia Sabra.
Fady: I’m an opera singer, and I’m the first person concerned by these works. I had to find out what he still had on the table. Of course, I discovered some things that were a little less interesting. It’s a bit like Mozart – not all Mozart is interesting. I really had to unearth our identity, the beginnings of opera in Lebanon.
Lilian: What did you discover about Lebanon, its history, its music, through your research?
Fady: I dug into the history until I found a connection with the Armenian Genocide and Djamal Pachat and company. Through music, we have the history of Lebanon, the history of the birth of this Lebanon, of this French mandate, of these compositions, of these beginnings of the first composer, because Sabra was the first Lebanese to study at the Paris Conservatory. It was very fascinating to see how Western classical music was born in Lebanon.
And then I realised that we Lebanese have a real identity problem, a real problem accepting who we are. We always want to appear to be what we are not, we always want to lie, to hide the past. It was as if we didn’t dare look back, as if we didn’t want to understand that there was an evolution.
And that was the main objective: to understand where we come from, to understand how this classical music was born in Lebanon.
Let’s try to see where we’re going. If everyone says there is only “me”, we leave the door open for people who will come after us to erase our race and say that it was no “We”, we do not build a nation, we do not build a history, we do not build a cultural continuity.
I’m not saying that the music of Sabra is beautiful music. I just tried to highlight what remains acceptable and representative today.
It’s as if people were going to the Louvre Museum to then erase or break, destroy artifacts or art objects to say “today we don’t do things like that.” It’s called revisionism. It’s very dangerous. I deplore this attitude of Lebanese people who think they’re part of the clique of people who are themselves the influencers.
Now I’m having fun, I get a crazy thrill out of discovering, like Sherlock Holmes, like Indiana Jones, these traces of the past, these documents. People ask me how I find them. I don’t know, it comes to me. We try to generate interest. I do this out of passion, I do this for this Lebanese identity, for this poor Lebanon.
Who we are, where we come from, where we are going, once again, the same question.
I think opera’s contribution to Lebanon has largely been based on vocal technique. And once again, we’re criticised. They say that operatic technique distorts Arabic pronunciation. And then there’s the whole debate about the fact that Arabic isn’t sung in an operatic way. It’s a whole question that’s fascinating, interesting, and necessary.
It reminds me a lot of how Mozart was described at the time, when he composed in German, saying that yes, in German, one does not sing operatically, it is only Italian that is sung, or Latin. It’s the same debate, I think that in a generation or two generations, we will understand. And that’s what drove my work on the Arabic opera of Sabra – let’s try to see how he composed, where he made his mistakes, let’s learn from the mistakes of the past.
Excerpt from Rouddani, cavatina by David, aria from the first opera in Arabic, The Two Kings (1927) by Wadia Sabra.
Fady: It’s a crazy amount of work. And you have to be a musician to know how to work in music archives. You have to know your stuff, you have to know how to read between the lines.
The Conservatory has a lot of archives, the American University has a lot of archives. But it’s a huge job, it’s monumentally time-consuming. Without any support, and I don’t want support. Because I’ve learned, I’ve paid the price for support. Support always comes with conditions. And my freedom is priceless, my dignity is priceless. So I prefer to do this at my own expense. The Lord will provide. And in my own time, very slowly, I savour the recordings.
We realise that there are a lot of people doing a lot of things abroad. That’s the problem with Lebanon, we all love it and we all hate it. This love is a love.
At the same time, no one has the right to say that we’re the only ones doing something. We realise that the more we dig, the more people there are all over the world who are working for Lebanese composers, in all genres.
I discovered it in the first great Lebanese woman who had a monumental international career. She was a student of Badia Sabra Haddad, a student of the Lebanese Conservatory, the Austrian Sona Ghazarian who was the principal artist of the Vienna Opera, with a monumental breakthrough in the 60s.
She never returned, but she brought with her Lebanese composers that she often sang in recitals. When you dig deeper, there is always, everywhere, this little place of hope that gives us this Lebanon that we bring, that we carry each in our own way.
We are all Lebanese. There are English-speaking Lebanese, Arabic-speaking Lebanese, French-speaking Lebanese, Portuguese-speaking Lebanese like you, Lebanese who have been to Australia, and that’s what makes up our Lebanon. And I have the right to exist just as much as anyone else.
We don’t love ourselves. We don’t love ourselves. That’s why we’ve reached the current situation in Lebanon. It’s high time we took off the masks and stopped lying. We can’t continue like this. The modus operandi hasn’t worked. All generations before us have contributed to getting to this point.
How many opera singers have I discovered in the past who survived only thanks to the money of their husbands or parents?
What’s the market? How many people will pay money to go listen? But you can be a very good pianist. But our history has produced a few who have had great international careers.
Lilian: Lebanon is going through a difficult period with economic crises, political instability, the explosion at the port of Beirut, and armed conflicts. Despite all this, Lebanese artists like you play an essential role in the resistance and resilience of the Lebanese people. In this context of crisis and conflict, how do you see the role of art as a form of resistance in your work, in the face of pain and trauma experienced by the Lebanese?
Fady: It’s therapy. I can’t fight with weapons, I fight with my thoughts. I fight by showing an alternative.
There are plenty of artists who take up arms. For me, my weapon is my voice, my singing. So I try to sing about things that have meaning.
In Spain, you have Picasso who painted Guernica, which is a perfect example of what an artist can do in times of war. Everyone creates something in adversity. For me, these are favorable times like these to do research, to be reborn in our way of doing something different, not trying to please, but doing what, deep down, speaks to us the most.
Art is not a priority, so people prefer not to take music lessons, music in general. Because that money has to go to pay electricity bills, generator bills, gas bills, essential bills. Art is not essential.
Lilian: How do Lebanese artists cope? How do they resist today and cope with urgency, fear, and lack?
Fady: By dipping into the reserves. I’m also part of the artists’ union. We often receive donations, boxes of food to distribute to members. Lots of other religious and neighbourhood associations. Solidarity is where we realise that there’s still a bit of solidarity there, regardless of religion, or social status, or whatever.
I can see it very clearly in the artists’ union. From the biggest, the most famous, to the poorest. Because we all have our money tied up in banks. All of us. So now, everything is blocked. There are no more concerts, there’s no more TV, there are no more series being filmed, there are no more plays. It’s not a priority. So all these people, luckily we have reserves. Luckily we all have cash at home.
Fortunately, we all have family in the diaspora who send us Western Union transfers, not even through the bank. Once again, the banks have lost our trust. But the banks are the image of the Lebanese people because they are run by Lebanese people.
Lilian: It seems, indeed, that solidarity is at the heart of the resistance of Lebanese artists. What is the role of cooperation and collective work in the reconstruction of the country?
Fady: We have to work together, I wasn’t ashamed to say come on Tony, come on, so-and-so, Marc help me, I can’t do everything, I don’t have time to do everything.
I can’t do everything alone. There’s a hierarchy, a structure, teamwork. You find that in the private sector. There’s this famous phrase, I’m not sure I say it correctly, it’s by Saint Ignatius of Loyola: wherever there are men, there is humanity. And that’s our greatest misfortune.
So learn to free yourself from that. And then, of course, cronyism. Lots of people aren’t in their place, but just because they know someone who’s in a position and they don’t have the skills for that position.
Yes, I am rightly pessimistic, at the same time, rightly, I shout, but it is because I love Lebanon. If I did not love Lebanon, if I did not love myself, I would not have done all this work. That is the identity that I am. Fady Jeanbart, Lebanese, of origin I don’t know, with a French name, a French father, of Syrian, Turkish, Lebanese, whatever origin.
This is exactly our greatest misfortune and our great pride and our great power as Lebanese.
Lilian: This is precisely the richness of this country. Is there a message you wish to convey today from your work as an artist and researcher?
Fady: I learn from what the person has to give me. I make my bouquet and that’s how I transmit it to my students. I try to help them find their independence and I don’t get attached. I tell them: “Free yourselves from me, fly on your own wings because it’s you who sings, not me. I’m a bit like the mirror and then it’s up to you to fly on your own wings.”
Lilian: The two of us have talked a lot about digital technology in my research on international cultural law. How can digital technology help Lebanese artists create, adapt, resist, and also share Lebanese culture beyond borders?
Fady: We have to be clear that we are being overwhelmed by digital technology. The entire world, the planet, is being invaded by digital technology, which is good.
It’s essential for us, as it is for many Lebanese artists who are forced to beg for visas, I do mean the word “beg” for visas, to show their credentials to obtain the exact period of the poor stay they want to make. And you really have to bring 50 kilos of documentation to prove that you are not a terrorist, to prove that you are a good person, while a Frenchman or an American or whoever, he can be a complete idiot, he takes the plane and comes.
So for this poor Lebanese artist who is doing his best to express his art, his soul, digital is the only way to get in touch. It helped me a lot for my work on Sabra and I must admit it. And that’s where you have to know how to manipulate this tool. So you have to have diversity, not just be confined to your art, you also have to know how to be a very good computer and programme manipulator to be able to attract the attention of the public. And, once again, people are saturated. The internet is saturated so we can’t listen to everything, but it’s like throwing a bottle into the sea and then we see where it takes off.
Lilian: What are your wishes and dreams for the future of artists and the cultural and creative sectors in Lebanon?
Fady: There is no ideal future. Prosperity must return so that concerts can resume and people can play here and there, as much as possible, so that they can travel and carry the name of Lebanon through their art, through their music.
I’m happy when I have foreign artists who are not Arabic speakers who try to sing things in Arabic despite their accent. It’s nice because they do their best and they’re interested, it’s a way of “popularising our art” which makes us people like everyone else, showing that we are human like everyone else on Earth. Our art has the right to exist, our culture has the right to be valued everywhere and to be accepted and loved. And I think that if we understand that, if humanity in its entirety understands that we are all human on Earth and that we will all end up six feet under, we will spend more of our time loving than hating each other.
Excerpt from Rouddani, cavatina by David, aria from the first opera in Arabic, The Two Kings (1927) by Wadia Sabra.
Damien Helly: Thank you for listening to today’s episode of our Composing trust podcast by culture Solutions! If you liked it, you can subscribe and follow us on your favourite podcast platforms, and contact us at culturesolutions.eu.
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Crédits musicaux :
Fady Jeanbart, baryton, et Helena Sobrino Obeid, piano, interprètent Rouddani, cavatine de David, aria du premier opéra en arabe Les deux rois (1927) de Wadia Sabra.
Fady Jeanbart interprète la Chanson de l’Adieu de l’opérette L’Émigré (1931) de Wadia Sabra.